top of page

Faire pour voir

 

 

 

Ma démarche est intuitive, je revendique le droit de me lancer sans savoir, de travailler dans dans le noir, de plonger dans l'inconnu, de faire pour voir. À l'atelier, en processus de création, je serai la première à éprouver; à être enchantée, étonnée, perplexe, ou déçue. Ce choix délibéré, celui du plaisir et de la liberté, c'est le privilège de l'artiste.

 

Ce privilège implique un travail, dans mon cas ce travail est fortement liée au plaisir procuré par la manipulation et la transformation de la matière. Je fais le choix délibéré des matériaux usuels et pauvres tel le papier et le carton. Ce sont des matières sensuelles, ludiques, sensibles, et tellement disponibles qu'elles sont une invitation à pratiquer un jeu d'exploration, à partir à l'aventure pour en connaître les limites. Je les utilise seuls ou en association avec des objets usuels de métal, de bois, de verre, ou encore avec des matières lourdes et inertes tel le béton ou le bronze. Il y a quelque chose de joyeux et de libre dans ce travail.

 

En arts visuels nous créons des oeuvres qui s'adressent au regard. Le regard est l’instrument de notre perception, celui par lequel nous abordons la réalité de manière sensible, sans savoir. Je m'intéresse à notre façon de regarder, au rapport entre le corps et l’objet. En créant je m'engage dans un processus hasardeux celui de la pratique, du faire, (déchirer, couper, colorer, coller, façonner). Je dois faire pour voir, pour éprouver du regard l'effet que produit cette matière transformée, je suis tour à tour celle qui fait et celle qui regarde. J'ai la profonde conviction que l'art s'adresse à nos sens et utilise un langage que le corps reconnaît sans l'avoir appris, que ce langage est celui de la poésie et qu'il est universel.

 

 

 

 

Aline Martineau

bottom of page